On la craignait depuis quelques années, mais voilà qu’elle frappe de plein fouet les compagnies de transport : la pénurie de camionneurs. Certaines entreprises ont entre 20 % et 30 % de leur flotte de camions immobilisée parce qu’elles ne trouvent personne à mettre derrière le volant. Une pénurie de main-d’oeuvre qui touche l’ensemble de l’industrie et qui s’étend jusque dans les bureaux administratifs.
Un texte de Marie-Pier Bouchard
À Saint-Germain-de-Grantham, 40 camions sur une flotte de 250 sont immobiles dans le stationnement de l’entreprise SGT 2000, située en bordure de l’autoroute 20.
Or, le président de la compagnie, Denis Coderre, assure que la demande est tellement forte que s’il arrivait à recruter de 40 à 50 chauffeurs, ses camions seraient en activité sur les routes du Canada et des États-Unis.
M. Coderre doit refuser des contrats et cette pénurie de camionneurs a freiné la croissance de son entreprise en 2017.
Même son de cloche chez MassExpress, à Trois-Rivières. La directrice des opérations, Julie Tessier, explique que la compagnie doit refuser des contrats.
Tout comme SGT 2000, MassExpress effectue du transport de marchandises aux États-Unis.
Sur 22 camions, 5 sont inactifs et 2 sont à vendre. Seulement 15 roulent sur les routes du Québec, de l’Ontario et des États-Unis.
Une affiche bien en vue en bordure de l’autoroute, des offres d’emplois affichées dans les médias sociaux, une révision des salaires : les efforts déployés par la direction au cours des derniers mois n’ont pas permis de recruter de nouveaux camionneurs.
Sur le Guichet-Emplois de Service Canada, on recense présentement plus de 3300 offres d’emploi de chauffeurs de camion, dont plus de la moitié pour la province de Québec.
Une industrie en crise
Bernard Boulé, directeur général de Camo-Route, un comité sectoriel de main-d’oeuvre de l’industrie du transport routier au Québec, parle d’une situation de crise.
« Depuis cinq ans, c’est une préoccupation, mais présentement, il y a plus de personnes qui quittent que de personnes qui entrent dans l’industrie du camionnage », précise-t-il.
Selon M. Boulé, il faut aller chercher des étudiants pour les différents métiers de l’industrie, mais aussi trouver des solutions pour retenir les travailleurs. Outre bonifier leur rémunération, une révision de l’ensemble des conditions de travail est nécessaire, explique Bernard Boulé. « Je pense que l’industrie va devoir s’adapter », dit-il.
L’entrée en vigueur en décembre de la loi exigeant le registre électronique pour entrer aux États-Unis s’ajoute aussi aux préoccupations entourant la pénurie de main-d’oeuvre.
Des camionneurs ont déjà mentionné à leur employeur qu’ils ont l’intention de quitter leur travail dès l’entrée en vigueur de ce règlement, parce qu’avec plus de contraintes dans les déplacements, ils craignent une diminution de leur salaire et de leur qualité de vie.
Source: Radio-Canada