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LES HEURES DE TRAVAIL DANS L’INDUSTRIE DU CAMIONNAGE

Une question d’équilibre familial et de sécurité publique

Depuis la déréglementation des années 80, l’industrie du camionnage est en crise. La course folle contre la montre et aux profits des entreprises a des conséquences désastreuses sur les conditions de travail des camionneurs : heures de travail trop longues, dégradation de la vie familiale, effets sur la santé, sécurité sur la route compromise, sans parler des dangers pour la sécurité de l’ensemble des usagers et usagères de la route.

À l’automne 2000, le Syndicat des Teamsters et la FTQ – avec l’appui du ministre québécois des Transports, Guy Chevrette – avaient réussi à faire stopper un projet fédéral de hausser les heures de conduite des camionneurs de 13 à 14 heures par jour. Actuellement, la limite est de 15 heures de travail par jour, au cours desquelles un chauffeur ne peut conduire plus de 13 heures. Des consultations publiques doivent avoir lieu à ce sujet avant que toute décision soit prise et c’est pourquoi les Teamsters poursuivent leur travail d’information et de consultations.

«Nous savons que le gouvernement va revenir avec son projet de loi et nous voulons être prêts. S’il faut paralyser le Canada, on va le faire parce qu’on ne peut pas laisser passer les 14 heures», dit Pierre Deschamps, représentant international des Teamsters et vice-président de la FTQ.

Une étude commandée conjointement par la FTQ et les Teamsters démontre que la fatigue contribue de façon significative aux accidents de la route. «Avec les délais qu’on nous impose à cause de la compétition, on est obligés de gruger dans notre temps de repos et d’étirer nos heures pour assurer les livraisons, explique Léo Laliberté, représentant de la section locale 106 des Teamsters, qui a été routier durant 28 ans. J’ai des chauffeurs qui sont poussés à faire jusqu’à 70 heures par semaine malgré la réglementation à 60 heures. Les chauffeurs sont donc plus exposés à des accidents graves et mortels.»

Il y a des solutions
Selon Pierre Deschamps, il existe des solutions à ces problèmes mais encore faut-il que le législateur fasse appliquer les lois. Parmi les pistes étudiées, il y a une meilleure formation pour les jeunes et les débutants (voir texte en encadré), un programme de compagnonnage pour permettre aux conducteurs juniors d’acquérir de l’expérience, un travail de partenariat entre les syndicats, les entreprises et les gouvernements pour redresser cette industrie en crise. Le syndicat souhaite aussi un meilleur contrôle sur les routes, 24 heures sur 24, et une réglementation plus serrée qui inclurait l’obligation de remplir un journal de bord électronique dûment enregistré et branché sur des réseaux intégrés à la Société de l’assurance-automobile du Québec, aux contrôleurs routiers et à la Sûreté du Québec. On parle de la fameuse «boîte noire» que l’on retrouve dans les avions, une technologie qui permet d’enregistrer des données utiles concernant le véhicule.

Objectif: 10 heures
Aux États-Unis, par exemple, même les douaniers sont branchés à un système d’information centralisé qui leur permet de contrôler les allées et venues des poids lourds. Ici, contrôleurs routiers et policiers ne peuvent croiser leurs informations pour mieux faire respecter la vitesse, le poids de la charge ou encore le nombre d’heures consécutives de travail et l’état de fatigue du conducteur. Là-bas, le travail des chauffeurs est limité à 10 heures par jour. En raison des échanges commerciaux nord-sud, les Teamsters du Québec aimeraient bien que la réglementation soit graduellement harmonisée aux 10 heures de nos voisins américains.

Le gouvernement du Québec semble engagé sur la bonne voie avec son projet de politique de sécurité dans les transports. Récemment, les contrôleurs routiers ont retrouvé le statut de constables spéciaux qu’ils avaient perdu en 1991. Cela leur donne à peu près les mêmes pouvoirs qu’un policier pour procéder à des arrestations. C’est le genre de mesures préconisées par les Teamsters pour régler une partie des problèmes du transport routier.

D’ailleurs, Pierre Deschamps participe à la Table de concertation gouvernement-industrie sur la sécurité des véhicules lourds créée par le ministre Chevrette en mai 1998. Les travaux du comité ont mené à une série de recommandations, notamment une augmentation du contrôle routier, une campagne de sensibilisation de l’opinion publique aux difficultés de manœuvre d’un véhicule lourd, un projet-pilote de signalisation propre aux véhicules lourds et un programme de gestion de la fatigue qui passe par la modification des heures de conduite.

«Au Québec, un chauffeur de camion peut travailler pendant 24 heures, et même jusqu’à 36 heures consécutives, tant qu’il ne se fait pas prendre! »
Jean-Yves Gingras, chauffeur chez TransForce (Cabano Kingsway) et militant de la section locale 106 des Teamsters.

«Faut ramener le monde coucher chez eux, leur permettre d’avoir une vie familiale, faire en sorte qu’ils ne soient pas une menace à leur sécurité et à celle des autres sur la route. Pour cela, il faut réduire le nombre d’heures de travail des camionneurs et faire appliquer les lois et règlements de façon constante, uniforme, sans exception. »

Pierre Deschamps, représentant international du Syndicat des Teamsters et vice-président de la FTQ

«Le camionnage, c’est comme le reste de la société. Il y a les bons citoyens et les délinquants. Il y a aussi les petits entrepreneurs qui font parfois du travail à perte et qui créent une concurrence déloyale pour toute l’industrie.»

Saviez-vous que?

  • Au Québec, 40 % des quelque 40000 entreprises de transport sont syndiquées.
  • Le Syndicat des Teamsters représente la très grande majorité des conducteurs syndiqués de camions et d’autobus au Québec, soit plus de 12 000.
  • Il se produit en moyenne un accident majeur par 160 000 kilomètres parcourus dans l’industrie.
  • En 1997, il y a eu plus de 12 000 accidents impliquant un véhicule lourd et un véhicule de promenade. Ces accidents ont un taux de mortalité supérieur aux accidents entre deux véhicules de promenade. Or, il est démontré que le conducteur du véhicule de promenade est responsable de l’accident dans plus de 70 % des cas.

Selon les chiffres de l’Association du camionnage du Québec, dans 83 % des cas, le chauffeur du camion n’est pas responsable de l’accident. La proportion est la même en Ontario

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