Alors que le Québec s’apprête à implanter un cours obligatoire pour devenir camionneur, inspiré du modèle MELT (Mandatory Entry-Level Training), la question mérite d’être posée : en quoi cette formation encadrée représente-t-elle un progrès par rapport à l’approche actuelle plus souple? Et à l’inverse, quels pourraient être les désavantages d’une telle obligation?
✅ Avantages du cours obligatoire
1. Amélioration de la sécurité routière
Le principal objectif de cette réforme est clair : réduire le nombre d’accidents impliquant des camions lourds. Une formation structurée permet de s’assurer que tous les conducteurs maîtrisent les bases essentielles de la sécurité, y compris :
L’inspection du véhicule avant départ
La conduite défensive
La gestion de la fatigue
Les manœuvres sécuritaires
2. Uniformisation du niveau de compétence
Dans un modèle non obligatoire, la qualité de la formation peut varier énormément d’un centre à l’autre, ou même être minimale. Le cours obligatoire fixe un standard minimum uniforme, ce qui rassure les employeurs, les assureurs, et le public.
3. Reconnaissance accrue du métier
Un programme officiel et obligatoire contribue à rehausser la profession de camionneur, en la positionnant comme une carrière qualifiée, avec des exigences précises – plutôt qu’un simple permis à obtenir.
4. Meilleure employabilité
Les diplômés d’un programme reconnu auront souvent un accès plus facile à l’emploi, les entreprises préférant des conducteurs déjà formés selon des normes connues, ce qui réduit leur besoin de formation interne.
⚠️ Inconvénients du cours obligatoire
1. Coût élevé pour les candidats
L’un des principaux freins est le coût de la formation, qui peut atteindre entre 7 000 $ et 12 000 $ selon les établissements. Pour beaucoup, c’est un investissement difficile à absorber, surtout sans garantie immédiate d’emploi.
2. Barrière à l’entrée dans la profession
L’obligation d’une formation longue et coûteuse peut décourager certains candidats, aggravant temporairement la pénurie de camionneurs dans certaines régions, notamment en milieu rural.
3. Moins de flexibilité
La formation non obligatoire permet à certains conducteurs expérimentés ou ayant appris « sur le tas » d’intégrer rapidement le marché du travail. Le nouveau système pourrait ralentir l’entrée en fonction de travailleurs compétents, simplement parce qu’ils n’ont pas le papier officiel.
4. Risque d’inefficacité si mal encadré
Si le programme est mal encadré ou appliqué de façon bureaucratique, il pourrait devenir une simple formalité coûteuse, sans garantir une amélioration réelle des compétences. L’efficacité dépendra donc de la qualité de l’encadrement et des formateurs.
🧭 Conclusion : trouver l’équilibre
La mise en place d’un cours de camion obligatoire au Québec représente une évolution logique dans une industrie où la sécurité est cruciale et les exigences du marché de plus en plus élevées. Toutefois, pour que cette réforme ait l’impact souhaité, le gouvernement devra accompagner les candidats — avec des subventions, des mesures transitoires et un accès élargi à des centres de formation publics.
Autrement dit, l’obligation seule ne suffit pas : elle doit s’accompagner de soutien, de transparence et d’un engagement clair envers la qualité.
